On se souvient que mon ami, Hubert, originaire d’Alès, est le seul supporter français de l’équipe d’Allemagne. Pour comprendre les raisons de ce comportement si original et étonnant, il faut relire le début de ce billet de l'Euro 2008.

http://www.pantheonfc.fr/index.php/2008/06/20/329-allemagne-hubert-ales

Hubert m’a appelé dimanche soir pour me dire qu’il se réjouissait de la victoire de son équipe 4 buts à 1 contre les valeureux anglais. Il était quand même un peu triste pour Mick Jagger, présent en tribune, qui n’a eu aucune satisfaction. Mick Jagger n’avait pas eu plus de satisfaction la veille, en allant encourager les américains, en compagnie de Bill Clinton : défaite contre le Ghana. Il a vraiment l’air de quelqu’un qui a du mal à trouver la satisfaction. Bill Clinton, lui, avait au moins pu trouver de la satisfaction lors de son séjour à la Maison Blanche.

L’Angleterre a perdu, ayant pourtant marqué un des plus jolis buts du mondial, un lob génial de volée de Frank Lampard, marqué 55 secondes après le premier but anglais, qui les ramenait déjà à 2-1. Mais l’arbitre n’a pas vu que le ballon était entré d’un mètre, l’Angleterre n’est pas revenue à 2-2, et a fini par perdre 4-1 avec deux buts allemands supplémentaires en seconde mi-temps.

Dans l’autre match de dimanche, Tevez pour l’Argentine marquait un premier but hors jeu, alors que le Mexique jouait bien et avait tiré sur le poteau. Les défenseurs mexicains sortaient un peu du match et faisaient une grosse erreur, 2-0, match plié (3-1 score final).

Le théorème de Lévy, encore et toujours

On relira encore le magnifique article de MAL ci-dessous pour avoir une réflexion globale.

http://pantheonfc.fr/index.php/2010/06/11/420-le-theoreme-de-levy

Bien entendu, « les amis du désastre », (je reprends ici l’expression qu’un grand amateur de football emploie dans d’autres domaines), menés par le démagogue en chef, héros des français, Bixente Lizarazu, expliquent que ce qui devait arriver arriva, que tout est écrit, que le hasard sourit aux audacieux, qu’il n’y d’ailleurs pas de hasard, mais seulement des sanctions ou des fortunes méritées, et que finalement, tout est écrit dans le livre des livres, alléluia ! Et les foules, sentimentales, toujours, qui aspirent comme jamais à un rêve, un cheval, mais surtout à communier dans la religion de la négation du hasard, de la Grande Main du Destin, portent Lizarazu au sommet de la popularité avec 101% d’opinions favorables, et une future première place au classement du JDD, devant Noah et Zidane.

Lizarazu est maintenant le chef d’une secte mondiale. Un éditorialiste de l’Evening Standard, à Londres, écrivait aujourd’hui l’énormité suivante : « deux énormes erreurs d’arbitrage, hier, heureusement ces deux erreurs n’ont pas modifié le résultat final ».

Je fais le choix de l’impopularité, je prends des risques pour mon intégrité physique, avec un billet qui va déplaire, comme avant moi de grands hommes, qui ont choisi de dire la vérité, endossant le rôle de bouc émissaire de foules hystériques : je pense à des hommes comme Jeanne d’Arc, Danièle Gilbert, Charles de Gaulle, et bien entendu, Raymond Domenech.

Et je dis publiquement : sans cette erreur d’arbitrage, bien entendu le match n’aurait pas été le même, et on ne sait pas ce qui se serait passé, Allemagne ou Angleterre ? La seule chose que l’on sait, c’est que Lizarazu nous aurait dit « l’équipe qui a gagné méritait de gagner, ce n’est pas le hasard qui n’a rien à voir là -dedans ».

Oui en égalisant à 2-2 en une minute à la 38ème, avec deux très jolis buts, l’Angleterre revenait complètement dans le match après avoir été dominée pendant une demi-heure, un peu à la manière de Liverpool, qui, ridicule en première mi-temps en finale de champion’s league 2005, contre le Milan, revenait en quelques minutes de 3-0 à 3-3. Et gagnait aux tirs aux buts.

Juger, comme le font les amis du désastre, de ce qui se serait passé sans l’énorme erreur d’arbitrage en fonction de ce qui s’est passé APRES l’erreur d’arbitrage, en plus d’une faute logique, est un crime, oui un crime, contre le football, contre la civilisation, contre l’esprit des lumières. Pire encore, c’est s’allier objectivement à Sepp Blatter.

Pas de faillite de Lehman Brothers

Déjà , en 2006, une tête de Vieira contre la Corée du Sud était entrée d’un mètre. La France aurait alors mené 2-0, et aurait probablement gagné. Terminant ensuite première de son groupe, elle n’aurait rencontré ni l’Espagne, ni le Brésil, ni le Portugal. Qui peut penser que rien n’aurait changé et que l’Italie aurait été championne du monde? Les amis de Lizarazu, bien entendu. Mais les gens sérieux savent que rien n’aurait été identique, et que le scénario Italie championne du monde, ne serait probablement pas advenu. Berlusconi n’aurait pas été réélu, le G20 aurait eu une gouvernance différente, et finalement, qui sait, Lehman Brothers n’aurait peut-être pas fait faillite.

Seul dans l’histoire humaine, Thierry Henry n’a pas bénéficié du théorème de Lévy

Hier, le gardien allemand, qui était la personne la mieux placée pour voir le but, a pris le ballon et a dégagé instantanément. Après le match, il était très fier de lui et a déclaré à la presse : « j’ai contribué à ce que les arbitres ne donnent pas le but en dégageant immédiatement, si j’avais regardé à droite et à gauche, les arbitres l’auraient peut-être accordé ». En clair : j’ai bien triché, je suis très fier.

Surprise : Liza et ses amis, qui ont cloué Henry (le vrai) au pilori, après l’Irlande, lui reprochant de ne pas s’être dénoncé (Liza lui a même reproché d’avoir serré les mains des irlandais après le match alors que, selon lui, Henry aurait du courir se cacher dans le vestiaire), n’ont pas un mot pour dire que le gardien aurait du dire à l’arbitre que le ballon était entré, ou, au minimum, qu’il ne devrait pas être fier d’avoir triché. C’est l’football, n’est-ce pas.

Car Thierry Henry, et lui seul dans l’histoire, n’a pas bénéficié du commentaire d’après le match qui supprime l’aléa pour expliquer que la vainqueur l’a bien mérité. Pourquoi une telle exception ? Je suggère une enquête d’un cabinet d’audit.

44 ans, c’est long, encore 16 ans à attendre pour la France

Le faux but anglais validé dans la finale de 1966 contre l’Allemagne est vengé. Il faut donc attendre 44 ans pour réparer une erreur d’arbitrage, et non 3 secondes, puisque la vidéo est interdite. Pour la France, il faudra donc attendre la coupe du monde 2026 pour que les allemands nous dédommagent de Séville 1982.

Cher ami Hubert, d’Alès, tu vas souffrir en 2026, et nous, tous les autres français, qui supportons les bleus et pas les allemands, allons enfin avoir de la satisfaction.