Comme beaucoup de villages situés à l’écart de tout centre urbain, Cormeilles a décidé de préciser sa région dans son nom, pour aider l’explorateur à le situer sur une carte. Tout comme Sucy en Brie ou Bagnères de Bigorre (les vraies villes comme Barcelone ou Manchester n’éprouvent pas ce besoin). D’où ce Parisis qui pourrait suggérer que l’on se trouve encore en région parisienne. Impression vite dissipée par l’heure et demie nécessaire pour rejoindre le lieu en voiture depuis Paris. Délai qui doit beaucoup il est vrai à d’étonnants embouteillages qui nous ont valu de commencer le match à 9.

En contrepartie de la distance parcourue nous avons eu le plaisir de jouer sur un très bon terrain (synthétique), situé au milieu de la forêt, d’où vers la fin du match des nappes de brouillard qui commençaient à se répandre sur le terrain. Ambiance sensiblement plus bucolique donc que nos terrains parisiens, coincés entre boulevards, stations services et ambassade de Russie.

En face, les Cormeillais alignaient une équipe dont plusieurs joueurs étaient taillés sur le même modèle, râblés et solides. Certains se parlaient parfois en portugais, sans doute pour nous faire croire que nous affrontions Christiano Ronaldo ou Eusebio, mais cela ne prit pas. Reconnaissons toutefois qu’ils étaient efficaces, assez rapides et surtout plutôt physiques. A l’arrivée, c’est assez logiquement que nous avons perdu, sur le score un peu sévère de 4 à 1.

Mais ce terrain lointain et campagnard, ces adversaires similaires et lusitaniens, ce score de défaite, rien de tout cela n’est inoubliable.

L’inoubliable c’est notre but, marqué par notre capitaine chinois.

J’entends d’ici les moqueurs souligner qu’il s’agit là de son premier but avec le Panthéon depuis plusieurs années et que le mot « inoubliable » est plutôt faible. En effet, notre capitaine chinois a beaucoup de qualités (sinon ce ne serait pas notre capitaine). C’est un vrai capitaine, qui montre tout au long du match l’exemple de l’engagement et du sacrifice, et qui consacre même du temps à organiser l’équipe au fur et à mesure de l’arrivée des joueurs. Mais jusqu’ici il n’avait exprimé qu’avec parcimonie ses qualités de buteur.

En réalité, ce qui justement est inoubliable c’est que ce but n’est pas une première. Au contraire il relève de la récidive. Et même de la multirécidive. En effet Flo avait déjà réussi un doublé la semaine dernière. Cela ne nous avait pas empêchés de perdre ce qui était le premier match de la saison (par 4 buts à 2) mais c’est bien ce doublé qui avait marqué les esprits, au-delà de la défaite (qui n’était pas un vrai événement).

Il a donc prolongé cette surprenante série hier en marquant notre unique but. Toujours à la pointe du progrès, le Panthéon FC a donc décidé d’inventer la notion de Chinese Hat Trick (Coup du Chapeau Chinois) : trois buts marqués sur deux matchs, sans qu’un coéquipier n’en marque un autre pendant la série. Notre capitaine se trouve être ainsi le premier joueur de l’histoire du club à réaliser un Chinese Hat Trick (disons que certains l’ont peut-être fait avant lui mais personne ne s’en souvient). A ce titre ce match est donc historique.

S’il est le premier à marquer pour notre prochain match et qu’ainsi la série continue, il faudra inventer un autre nom. Mais si d’autres coéquipiers veulent y mettre un terme en marquant à leur tour, qu’ils n’hésitent pas.