Ces matchs se sont soldés par trois défaites, mais toutes n’ont pas eu le même côté désagréable. Celle qui nous a laissé le souvenir le plus pénible est sans doute la première, contre Inter6 (match du 19/11/12).

Ils nous avaient déjà battus en match amical trois semaines plus tôt, et la manière dont ils avaient alors refusé d’intégrer dans leur équipe les recrues qu’ils m’avaient pourtant demandé de leur fournir ne nous avait pas fait la meilleure impression. Cette mauvaise impression trouva sa confirmation sur leur deuxième but : ils jouèrent un corner sans attendre que notre gardien, qui était allé chercher le ballon derrière ses buts, se soit replacé. Inélégance tout à fait désolante de la part de l’équipe récompensée par le trophée du fair play la saison dernière. Espérons qu’en lisant ces lignes le rouge leur monte aux joues et qu’ils décident de s’amender. De notre côté nous pourrions décider de ne plus avoir le geste d’aller chercher le ballon pour l’équipe adverse, mais ce serait accompagner ces malotrus sur le chemin de la discourtoisie et de l’incivilité. Je n’y suis pas favorable. Nous perdrons encore des matchs, mais nous les perdrons la tête haute.

Ajoutons que le déroulement de celui-ci contribua à nous laisser un goût amer puisque nous menions 3 à 0 avant de nous faire remonter et de perdre à la toute fin par 4 à 3. Ce retournement de situation nous fut assez pénible, et il faut bien reconnaître que l’ambiance dans les vestiaires n’était pas des plus sereines. Chacun trouvait lamentable d’avoir laissé filer une victoire qui nous tendait les bras (sans même se référer au manque de fair play des adversaires). Beaucoup exprimaient leur frustration d’une voix forte, mais bien peu évoquaient les solutions qui nous auraient permis d’éviter ce fiasco. La plupart en restaient aux injonctions du type « C’est pas possible ! » ou « C’est pas permis ! », parfois accompagnées de jurons plus ou moins orduriers, mais sans réelle proposition concrète.

Pas de frustration de ce type pour les deux défaites qui suivirent, puisque dans les deux cas nos attaquants restèrent muets (« muets » signifiant ici qu’ils n’inscrivirent aucun but, non pas qu’ils s’abstinrent de tout commentaire après le match). Défaite d’abord contre Malakoff 2 à 0, puis en coupe contre Maarifienne par 3 à 0. Les deux fois nous avons fait preuve de solidarité, de combativité, d’engagement, et cela nous a permis de retarder l’échéance, puis de limiter les dégâts. Mais je crois pouvoir dire que les deux fois il n’y avait pas réellement photo, et que nous sommes simplement tombés sur plus forts que nous. Contre Malakoff en particulier, nous avons quitté le terrain sans regret, avec la satisfaction du devoir accompli, aucune règle ne nous obligeant à nous montrer systématiquement meilleurs que nos adversaires. Tout au contraire, la défaite exprime ici notre respect des lois du sport, en particulier celle qui veut que le meilleur gagne. Le score de 2 à 0 était même tout à fait honorable compte tenu de la valeur de l’équipe adverse.

Mon sentiment personnel était le même après la défaite 3 à 0 contre Maarifienne, et je crois qu’il était partagé par une partie de l’équipe, en particulier parmi les défenseurs, qui ont eu l’impression de livrer un bon match. Des discussions sont toutefois intervenues dans les vestiaires, sur le thème de l’engagement et des fautes commises. Une école prônait un investissement physique vis-à -vis des adversaires, dût-il se traduire par des contacts dont certains seraient sanctionnés par l’arbitre. Une autre regrettait une agressivité excessive, et les nombreux coups francs qu’elle nous avait valus, et elle proposait un mode d’intervention plus mesuré. Proposition que la première caricaturait en une forme de collaboration avec l’ennemi, incompatible avec la notion même de confrontation sportive. Ces discussions se prolongèrent un peu trop au goût du gardien du stade. Jugeant que certains mettaient plus d’ardeur à refaire le match qu’à remettre leurs chaussettes, il exprima sa désapprobation en éteignant les lumières. Quelques joueurs, déjà énervés par la discussion, lui dirent sans ménagement leur façon de penser, avant que Gattuso ne vienne lui expliquer avec une exquise diplomatie (je ne plaisante pas) que l’absence de lumière ne pouvait qu’aggraver la situation, et qu’une fois qu’il s’était exprimé en l’éteignant, il avait tout à gagner à la rallumer s'il voulait rentrer chez lui au plus tôt.

Après avoir laissé passer les quelques secondes qui marquaient son indépendance par rapport à ce conseil judicieux, il finit par tourner le bouton, notre dictateur put remettre dignement sa cravate RATP, et l’équipe put quitter le stade en souhaitant de bonnes fêtes au gardien, afin de ménager l’avenir.

A noter tout de même pour être complet une victoire par forfait, au milieu de cette série de défaites. Grâce à cette victoire nous nous classons 7ème, à deux points seulement du dernier. C’est maintenant la trêve hivernale, et donc pour nous une période d’invincibilité de plusieurs semaines. Profitons-en, mais pas d'excès.