L’Equipe a écrit lundi 7 juin 2010 que Gourcuff serait jalousé par beaucoup de joueurs de l’équipe de France. Les raisons seraient multiples. Son ascension aurait été trop rapide, son succès médiatique trop fort, Domenech lui aurait confié prématurément et de manière injustifiée les clés du jeu. De plus, il serait trop beau gosse. Tout ceci a vraiment été publié par l’Equipe lundi.

On ne sait pas la part de vĂ©ritĂ© et la part de sensationnalisme dans cet article de l’Equipe. Une chose est certaine : il est indĂ©niable que certains joueurs de l’équipe de France sont moins beaux que lui.

MĂŞme le sosie de Thierry Henry qui est dans le groupe des 23 est moins beau que Gourcuff (car personne n’est dupe, le vrai Thierry Henry a Ă©tĂ© remplacĂ© fin 2009 par un sosie par le mĂŞme groupe d’activistes qui avait dĂ©jĂ substituĂ© un sosie au vrai Paul McCartney avant la sortie d’Abbey Road en 1967 ; le vrai Thierry Henry ne jouerait Ă©videmment pas aussi mal).

Pour en avoir le cœur net, j’ai réussi à rencontrer Gourcuff sur le terrain de golf adjacent au Pezula Resort, l’hotel des bleus en Afrique du sud.

Ce n’était pas facile. Une seule route mène Ă l’hĂ´tel, et la route est contrĂ´lĂ©e par la police qui ne laisse passer que les golfeurs. N’ayant jamais jouĂ© au golf de ma vie, et ne connaissant pas les règles de ce jeu (improprement appelĂ© « sport » par certains), j’ai lu « le golf pour les nuls », j’ai achetĂ© un Ă©quipement (un pantalon ridicule Ă bandes bleues et blanches, un polo, des chaussures Ă micro crampons, une casquette en daim), et on m’a laissĂ© passer.

J’ai ainsi pu faire un dix-huit trous avec Gourcuff. La partie a duré 12 heures car j’ai fini à par + 752. Mais Gourcuff qui est vraiment poli et gentil, a été très patient et m’a dit que pour une première fois, ce n’était pas si mal.

En dĂ©but de partie, il Ă©tait assez langue de bois. A partir de la onzième heure, la fatigue aidant, il a commencĂ© Ă se confier Ă moi. Quelques extraits ci-dessous :

« Oui, c’est vrai, Domenech m’a confiĂ© les clĂ©s du jeu après France-Roumanie. RibĂ©ry Ă©tait très jaloux car il les voulait. Mais ce que personne ne sait, c’est qu’en me rĂ©veillant Ă Clairefontaine, le matin juste avant France-Irlande, en octobre 2009, je n’ai pas retrouvĂ© les clĂ©s ! Pourtant, j’étais certain de les avoir laissĂ©es sur la table de nuit avant de m’endormir ! J’ai cherchĂ© partout, sous le lit, dans la salle de bain. Rien. Je ne l’ai dit Ă personne. J’ai jouĂ© plusieurs matchs sans les clĂ©s (Irlande, Espagne) en prĂ©tendant qu’elles Ă©taient dans la poche de mon short. »

« Finalement, Domenech s’en est rendu compte et c’est pour cela qu’il nous a fait passer en 4-3-3 pendant les matchs de prĂ©paration (Costa Rica, Tunisie, Chine), un système oĂą personne n’a les clĂ©s, car il n’y a pas besoin de clĂ©s pour faire n’importe quoi. »

« Je pense que c’est peut-ĂŞtre liĂ© Ă mon enfance. Petit, je me souviens que mon père Christian perdait sans arrĂŞt les clĂ©s de la voiture et se disputait avec ma mère en lui criant « Nicole, oĂą sont les clĂ©s de l’auto ? ». (Ma mère s’appelle Nicole). Je pense que j’ai Ă©tĂ© traumatisĂ© et que cela explique pourquoi je perds souvent mes clĂ©s aujourd’hui. Par exemple, hier soir, j’ai perdu la clĂ© de ma chambre, et il n’y avait personne Ă la rĂ©ception de l’hĂ´tel. J’ai du attendre dix minutes au bar avant que quelqu’un ne vienne. C’était horrible car RibĂ©ry prenait un verre et j’ai du supporter ses blagues dix minutes. J’ai peur que mes performances baissent contre l’Uruguay, car je n’ai que quatre jours de rĂ©cupĂ©ration, et, selon les mĂ©decins, il en faut au moins cinq vu la lourdeur de l’humour de Franck RibĂ©ry. »

J’ai Ă©galement bien Ă©videmment demandĂ© Ă Gourcuff comme c’est d’usage avec les joueurs de l’équipe de France, ce qu’il ressentait Ă disputer une coupe du monde en Afrique du Sud. Il s’est livrĂ© intimement dans sa rĂ©ponse :

« C’est sur que ça fait quelque chose. Lorsque j’étais petit, mon père Christian avait rĂ©servĂ© une semaine au Club Med de Jerba La Douce. Mais finalement, juste avant le dĂ©part, ma mère a prĂ©fĂ©rĂ© qu’on parte Ă St Malo. On avait fait jouer l’assurance annulation grâce Ă un certificat mĂ©dical de complaisance que mon père avait obtenu en pistonnant le fils du mĂ©decin, qui Ă©tait nul, dans sa carrière de foot (ndlr : son père Christian Gourcuff est entraĂ®neur professionnel de football et est considĂ©rĂ© comme un des meilleurs entraĂ®neurs français). Je me rappelle que le mĂ©decin s’appelait Guivarch et son fils StĂ©phane. »

« Du coup je n’avais jamais vu l’Afrique. C’est donc une incroyable coĂŻncidence pour moi de disputer justement ma première coupe du monde en Afrique, Ă seulement cinq mille kilomètres de Jerba. »