De nombreux projets ont été envisagés. Ils ont été rejetés pour diverses raisons : la venue d'une brigade de pom pom girls a été jugée trop ordinaire, la fanfare de la Garde Républicaine trop bling bling, l'arrivée du ballon par hélicoptère n'a pas reçu l'accord de la Direction Générale de l'Aviation Civile, Aimé Jacquet n'a pas pu se libérer, ni non plus que Roselyne Bachelot, Raymond Domenech ne nous a pas répondu et Estelle Denis s'est méprise sur nos intentions. La Ligue a refusé que le match se joue au Stade de France, Laetitia Casta, enceinte, ne pouvait pas jouer au football, et le reste de notre liste était au festival de Cannes.

Nous avons donc recentré nos plans sur le football, et décidé d'offrir à Laurent une victoire difficilement acquise et à laquelle il aurait une part prépondérante. Projet ambitieux compte tenu de l'adversaire. En effet il fallut beaucoup de talent à nos attaquants pour ne pas prendre rapidement un avantage décisif sur une équipe qui finit tout de même la saison avec 0 victoire et 1 match nul. Au fur et à mesure que nous ne marquions pas, nos milieux montaient de plus en plus au prétexte de soutenir l'attaque, laissant souvent la défense en sous-effectif face aux attaquants adverses. Ce qui permit à Laurent d'exprimer tout son talent.

Mais même le plan le plus minutieux n'est pas à l'abri des aléas. Ainsi, suite à une main dans la surface, l'arbitre nous accorda un pénalty. Difficile d'imaginer dans l'instant un stratagème pour le rater sans que cela paraisse bizarre. Déjà Flo s'avançait pour le tirer et le pire semblait certain. Heureusement, l'un de nos coéquipiers s'empara alors du ballon pour le tirer, et avec beaucoup d'autorité il expédia le ballon sur la barre transversale.

Nous ne nommerons pas ce héros involontaire, disons simplement qu'il portait le maillot de Marc.

Damien finit tout de même par marquer un très joli but. Heureusement ils égalisèrent assez rapidement, ce qui permit à la tension de monter, et nous offrit une dernière demie-heure pleine d'émotions. Sentant que la fin du match était proche, Damien jugea que la plaisanterie avait assez duré et il marqua le but libérateur, quelques dizaines de secondes à peine avant l'extinction des feux.

Mission donc parfaitement accomplie, et Laurent accueillit la fin du match, sans se douter de la supercherie, avec une joie et un soulagement qui n'auraient pas été au rendez-vous avec la victoire facile qui nous tendait les bras.

La soirée n'était pas tout à fait terminée, et grâce à une habile machination, notre Thuram blanc fut mis en situation de sortir du Parc Suzanne Lenglen en franchissant la barrière, qui culmine tout de même à près de deux mètres, en compagnie du Gattuso du Panthéon et de notre valeureux gardien. Ce dernier fit mine d'avoir toutes les peines du monde à passer cet obstacle, permettant une fois de plus à Laurent de se montrer collectif et décisif. Gattuso ne simula pas de la même façon, il est vrai qu'il n'aurait pas été crédible.

Nos amis se retrouvèrent ensuite dans une brasserie où un petit spectacle avait été préparé, avec pour principaux intervenants un serveur que l'alcool avait rendu à la fois jovial et maladroit, au point d'énerver celui qu'il appelait le directeur, et qui tenait son établissement à la façon d'un Lino Ventura, solide et déterminé, mais à deux doigts de s'énerver face à un troisième larron, un consommateur déjà imbibé. Lino tomba la veste et la bagarre n'était pas loin, mais ils n'allèrent pas au bout de leurs intentions car il se faisait tard et la plaisanterie avait assez duré.

Une soirée d'anniversaire bien remplie donc, et au cours de laquelle fut épargnée à Laurent la gêne de sentir les efforts déployés pour l'organiser.