Les livres d’Histoire évoquent avec émotion les toutes premières minutes de la finale de la Coupe du Monde 1974 Allemagne-Hollande. Phase de jeu modèle pendant laquelle les Hollandais, après avoir engagé, monopolisèrent le ballon, s’échangeant une quinzaine de passes, et marquant un but (sur pénalty) sans que les Allemands aient pu toucher le ballon.

Ces minutes mythiques peuvent donner une idée de ce que fut le mouvement qui amena notre troisième but. Le ballon circula de part et d’autre du terrain avec fluidité et détermination, échappant totalement à nos adversaires, jusqu’à parvenir à Benoît sur l’aile gauche. Après un une-deux millimétré avec le mec qui portait le maillot de Marc, il inscrivit l’un de nos buts les plus construits de la saison.

Un mot sur nos adversaires : s’ils nous avaient paru un peu ternes la semaine dernière (autant que nous-mêmes, disons-le), il faut savoir qu’il leur manquait alors à peu près tous leurs attaquants. Au complet hier ils jouaient fort bien, ce qui n’est pas étonnant de la part d’une équipe actuellement deuxième du classement, et sans doute première sur les seuls matchs retour. Nos exploits furent donc accomplis face à une opposition de grande qualité.

Ils relevèrent d’ailleurs la tête, en obtenant d’abord un pénalty. Mais comme on sait, face au Panthéon, un pénalty n’est pas une réelle occasion de but. Il leur fallut donc attendre encore un peu pour marquer, et à la mi-temps le score était de 3 à 1 pour nous.

A un jeu virevoltant et inspiré, le Panthéon décida d’ajouter en deuxième mi-temps une bonne dose de fantaisie dans la répartition des postes.

On vit ainsi Miloslav se positionner en défense centrale, pendant que Greg jouait avant centre, le choix le plus comique étant toutefois de placer Christophe sur le banc. Précisons pour ceux qui l’ignorent que Christophe et Greg jouent plus fréquemment en charnière centrale, et qu’à ce poste ils avaient accompli une énorme première mi-temps.

Ces remaniements, ajoutés à notre traditionnel passage à vide de début de deuxième mi-temps portèrent rapidement leurs fruits. Nos adversaires se montrèrent plus dangereux, et ils finirent par marquer un deuxième puis un troisième but (disons que le Panthéon les encaissa plus que les adversaires ne les marquèrent, mais passons).

Après cette égalisation à 3 partout, on pouvait craindre de nous voir prendre l’eau. Il n’en fut rien. La défense se montra de nouveau efficace, et surtout, ce qui pouvait apparaître comme une erreur de casting (Greg avant-centre), se révéla un choix des plus judicieux.

Greg est en effet à l’origine de notre quatrième but : excentré le long de la ligne de but, il remit le ballon de la tête vers le centre, ou se trouvait Mark, qui fit en sorte que le ballon termine dans les filets. A ceux qui lui demandaient à la fin du match comment il avait marqué, Mark répondit qu’il avait marqué du joueur adverse. On ne dira jamais assez combien nous avons à apprendre de nos amis anglais et rugbymen.

Quant au cinquième but, c’est un pur joyau du même Greg. Sauf erreur de ma part (l’image que j’ai en tête est telle que je me demande si je ne l’ai pas un peu rêvée), sur un dégagement à la fois puissant et précis de Christophe (judicieusement rentré en jeu), Greg récupéra le ballon sur le côté droit de la surface, et plaça une reprise de volée imparable et sublime. Il nous fallut maîtriser notre joie, pour ne pas manquer de respect à l’adversaire, mais ce fut difficile.

Après la passe décisive (je veux dire l’offrande) faite à Mark, ce but concrétise la totale réussite de Greg comme attaquant de pointe.

Un petit souvenir pour terminer : au cours de l’échauffement d’avant match, Greg avait effectué une reprise de volée acrobatique. Avec son humour pince-sans-rire que nous aimons tant, Olivier avait alors lancé : « Bon, Greg, à l’avant. ». Cela se voulait une plaisanterie, c’était de la divination.

Comme quoi, au Panthéon comme ailleurs, ce qu’on fait de mieux c’est pas toujours exprès.